Jean l'aveugle, comte de Luxembourg, roi de Bohême

Il y a six cents ans, sur le champ de bataille de Crécy, s'élançait en pleine mêlée, pour se battre et mourir, un chevalier de cinquante ans, aveugle, qui ne voulait pas que l'on puisse dire que son ami le roi de France avait essuyé, sans qu'il eût tout fait pour l'empêcher, une grave défaite. Ce chevalier était le comte de Luxembourg, en même temps roi de Bohême, Jean l'Aveugle. Les Français qui ne sont pas familiers avec l'histoire du quatorzième siècle ne connaissent guère de lui que l'épisode grandiose et chevaleresque de sa mort à Crécy. Aucun ouvrage complet ne lui a été consacré dans notre pays alors qu'à l'étranger, au Luxembourg et en Allemagne, Jean l'Aveugle a été beaucoup plus étudié et a donné lieu à des biographies importantes. Il y avait là une lacune à combler, lacune d'autant plus étonnante que ce comte de Luxembourg et ce roi de Bohême avait été, durant la majeure partie de sa vie, très intimement lié à la politique des derniers Capétiens et du premier Valois.