Cycle de Guillaume d'Orange

Le texte proposé en 2014 au programme des agrégations externes de lettres (lettres modernes, lettres classiques et grammaire) est une chanson de geste du XII e siècle : Le Couronnement de Louis. Ce poème épique n'existe pas seul : c'est une partie du cycle de Guillaume d'Orange, vaste ensemble racontant l'histoire épique d'un lignage, celui de Garin de Monglane. À l'histoire de Guillaume, la plus ancienne, s'agglomèrent les vies d'Aymeri, son père, et de Garin de Monglane, son arrière-grand-père. Le noyau le plus ancien du cycle est composé du Couronnement de Louis, du Charroi de Nîmes et de la Prise d'Orange, trois chansons qui construisent la figure de Guillaume d'Orange : s'affirmant comme l'inlassable protecteur du roi Louis (Couronnement), Guillaume conquiert ensuite une terre (Charroi), puis un fief et une femme (Prise d'Orange). Ces trois chansons, relativement brèves et étroitement liées les unes aux autres, peuvent être lues ensemble. Quoi qu'il en soit, il convient de retenir que le Couronnement de Louis est conçu non comme un tout, mais comme une partie d'un cycle. Le Couronnement de Louis lui-même est une chanson politique : si la chanson de geste décrit souvent les rapports entre roi et vassaux, celle-ci s'attache à défendre un message politique précis, à savoir que la royauté est héréditaire. Charlemagne, devenu vieux, souhaite transmettre la couronne à son fils, et définit au préalable tous les devoirs du roi. Or le jeune Louis n'a aucune appétence ni aucune compétence pour l'exercice du pouvoir : il n'en demeure pas moins qu'il sera amené, plein de larmes et de terreurs, à régner. Pour compenser la faiblesse de l'enfant, il faut un vassal fidèle. Ce sera Guillaume, qui prend en charge la défense du roi et de la royauté, ainsi que l'accroissement de la chrétienté. Son service devient progressivement sacrifice, tant l'incompétence de Louis pèse sur sa propre destinée.